A la sortie des écuries je tournai automatiquement en direction des installations. Comme prévue il n’y avait pas âme qui vivent et par conséquent pas le moindre bruit aux alentours. Midnight, docile, se laissait guider en direction du manège ; lui que j’avais choisi pour son évidente fraicheur. Le toit empêchait le soleil de taper sur le sable et le coté étouffant était atténué par un arrosage quotidien. Grâce à ça le sable ne se soulevait pas ce qui évitait aux chevaux d’en respirer durant toute la séance.
Comme je m’y attendais la fraicheur du manège me fit un bien fou. J’avais la sensation d’être sous terre ou dans un autre pays. Un pays où il ne fait si chaud. D’un pas lent nous nous dirigeâmes vers le centre du manège où je pu passer les rênes au-dessus des oreilles de ma monture. J’avais une flemme phénoménale de monter genre comme dans la pub Pulco « Il fait trop chaud pour travailler. » lançai-je à Mid qui gardait la tête basse. « T’es d’accord, hein garçon ?! On va pas faire grand-chose t’en fais pas. » Ajoutai-je comme pour le rassurer. Le pauvre animal ne devait absolument rien comprendre mais cela me laissait la conscience tranquille.
Avec la même dose de conviction, c’est-à-dire pas la moindre, j’entrepris de descendre les étriers puis de re-sangler de deux trous de chaque cotés pour être bien sûr de ne pas tourner. Une fois chose faite je mis enfin le pied à l’étrier et me hissait délicatement sur le dos de l’animal qui ne semblait pas tracasser deux sous. « Bon. On va quand même y aller Mid. Plus vite on commencera, plus vite tu rentreras au box. » lui appris-je en chaussant mon étrier droit avant de me saisir des rênes.
D’abord je gardai un contact léger voir même inexistant avec la bouche du pie qui connaissait très bien son travail et prit, seul, la piste à droite. Je le laissai faire un tour à son allure, tête basse, avant de remonter un peu sur mes rênes et de lui demander d’accélérer un peu tout en restant au pas. Inévitablement ma monture remonta la tête en soufflant comme si je le maltraitai … « C’est dure la vie hein ?! » lançai en rigolant. En V nous dessinâmes un cercle de 15 mètres au pas en maintenant la cadence et l’attitude basse. Sans conteste Midnight était un parfait cheval d’école qui savait tout faire et arrivait à anticiper les demandes de son cavalier. Ainsi le pie prit la première diagonale pour changer de main et répéter l’opération dans l’autre sens en B. Puis je poursuivi au pas jusqu'à demander le trot en A; Midnight pris donc l'allure supérieur avec beaucoup de rebond. Je n'étais pas sûr de vouloir galoper avec un temps pareil, je ferai mieux de travailler quelques figures au trot pour l'assouplir que de lui demander de galoper inutilement. Je décidai donc de le laisser trotter à allure constante en le guidant sur des cercles de différents tailles, des demis voltes et diagonales en tous genre. Ainsi je changeai de mains plusieurs fois et travaillait en même temps. Après avoir fait un cercle de dix mètres à chaque main en prenant soin d'incurver ma monture, une diagonale en allongeant et une demie-volte de chaque sens pour déplacer les hanches, je décidai de repasser au pas et de le laisser souffler rênes longues.
Le pie marcha ainsi pendant deux minutes, le nez dans le sable ce qui me décida à laisser la séance là dessus. Il faisait de plus en plus chaud à l'approche de midi et Mid avait très bien travaillé. Je lui annonçai donc la bonne nouvelle:« C'est bien bonhomme. On rentre.»
Je le guidai donc en direction de la porte du manège où je mis pieds à terre avant de remonter les étriers et de dessangler de deux trous de chaque cotés. Enfin je passa les rênes au dessus de ses oreilles en lui caressant le chanfrein de ma main libre. Sortant sous cette chaleur suffocante nous nous précipitâmes à l'intérieur des écuries où il faisait relativement meilleur.